Nô ou Shuraku no Nô

Publié le par Vince & Steph

 

Nô.

-

Ci-dessus miniature en ivoire d'un masque Nô.

Cet art théâtral dramatique, dédié aux dieux, est apparu milieu du XIVe siècle. Il aurait été créé par Kan-ami et Ze-ami son fils, à la demande du Shôgun Ashikaga Yoshimitsu. Il se caractérise par une gestuelle lente, une musique stridente composée par le souffle d'une flûte accompagnée d'un tambour donnant opportunément des inflexions dramatiques, le tout sur un texte déclamé sur un ton singulièrement monocorde. 
-

Le répertoire du nô (能), destiné au départ à l'aristocratie, est particulièrement riche puisqu'il est composé de plus de 240 pièces (Okina, Aya no tsuzumi, Kantan...), souvent d'inspiration bouddhiste, dont un grand nombre a été écrit par Kan-ami (1333-1384) et Ze-ami (1363-1443), tous deux à l'origine de la codification des règles régissant cet art.
-

Il se joue en plein air, sur une scène dénudée. Les costumes sont travaillés et chargés de brocarts d'or. L'acteur principal (shite) s'efface derrière un masque dont le nombre et les expressions sont codifiés. Le shite n'entre pas en scène directement. Avant lui, le waki va préparer l'audience par une accroche (chant (shidai)) puis va planter le décor de l'action qui va suivre (michiyuki). Ensuite seulement, le shite apparaîtra en commençant par un chant introductif permettant aux spectateurs de le situer dans la pièce. Vient ensuite un préliminaire complexe de questions-réponses explicatives sur pièce entre le waki et le shite soutenu par le chœur, puis une brève apparition des autres acteurs qui à leur tout expliqueront la pièce mais dans un langage plus accessible.
-

Une fois cette "introduction" terminée le waki va psalmodier un chant. Ce chant marque la fin de la phase "introductive", à la fin de sa récitation" le shite revêtu de son masque et d'un nouveau costume réapparaîtra sur scène en dansant. La fin de chaque acte est  indiquée lorsque le shite frappe le sol de son pied.
-

Un spectacle de nô est long. Cinq drames (actes) entrecoupés de trois interludes nommés Yôkyoku. Ces interludes connaîtront, plus tard, une évolution indépendante du nô leur donnant toutes les caractéristiques d'un art à part entière. Aujourd'hui ces coupures ont disparu pour faire place au kyôgen qui tendra aussi à devenir un art indépendant.
-

Le Nô se joue sur une estrade surélevée nommée butaï et qui est protégé par un toit soutenu par des piliers l'arrière de la scène est constitué d'une tenture ou d'une cloison de bois arborant un décor simple. L'orchestre, composé de quatre personnes, se tient au fond et le chœur à droite.
-

Le nô connaît aujourd'hui encore un engouement certain auprès de la population japonaise. Des représentations en sont données régulièrement, des salles sont même spécialisées dans ce type de représentation. Il existe encore des écoles de Nô dont les plus célèbres sont : Hôssho, Kanze, Kita, Komparu et Kongô. Certaines de ces écoles ont plusieurs centaines de milliers d'adhérents. Certaines écoles se sont spécialisées dans les rôles secondaires (tsure) Shimogakari par exemple.
-
Les thèmes apportés incluent la piété filiale, l'amour, la jalousie, la vengeance et l'esprit des samouraïs. Tout cela est présenté sous la forme d'une simple émotion, grâce au chant, à la danse et à la musique. Les pièces de Nô n'ont ainsi souvent pas d'intrigue. 
-

Les pièces de Nô ont toujours été écrites, composées et chorégraphiées par les acteurs eux-mêmes. Les plus anciennes remonteraient aux environs de l'an 1333. La plus grande partie des pièces connues date des 15ème et 16ème siècles. Une petite partie a été écrite durant les 100 dernières années. Malgré son côté codifié, le Nô reste en constante évolution (quoique fort lente). 
-

Les caractéristiques de ce genre théâtral sont:
- Le type de scène sur lequel il est joué (unique en son genre).
- L'accent mis sur un seul rôle principal.
- Son utilisation des masques.
- L'usage de la danse comme moyen d'expression important.
- Les méthodes de vocalisation particulières de ses chants.
- La poésie de ses scripts.
- Son orchestre composé d'un grand tambourin (ô-tsuzumi), d'un petit tambourin (ko-tsuzumi), d'une flûte traversière (fue) et parfois d'un grand tambour (taiko). 

La scène  du théâtre est séparée en quatre parties :
- La scène principale.
- La partie derrière la scène principale, où se tient l'orchestre. Parfois derrière l'orchestre d'autres personnes prennent également place. Un acteur vétéran était ainsi tout derrière lors d'une représentation (pour surveiller les jeunes ? Admirer leur travail ?).
- Une sorte de porche, à droite de la scème principale, où le choeur de 6 ou davantage chanteurs se tient.
- Une espèce de pont entre la scène principale et le rideau d'entrée. Ce pont n'est pas qu'un passage, mais est vraiment considéré comme une partie de la scène. Si un acteur termine son rôle en cours de représentation, il doit s'arrêter et retourner lentement et dignement le long du pont pour retourner en coulisses. 
-

-

Le seul décor est le mur peint au fond de la scène. Il est appelé kagami-ita en japonais, ce qui veut à peu près dire "tableau-miroir". Toutes les pièces tant de Nô que de Kyôgen sont jouées devant ce seul décor. Le mur à droite de la scène est lui appelé waki-kagami-ita (ce qui veut dire "tableau-miroir de côté". Dans son coin inférieur à gauche se trouve une petite porte coulissante par laquelle le choeur et les assistants entrent et sortent de scène. 

Lumière
Aucun système artificiel de lumière n'est utilisé pour agrémenter ou créer des effets particuliers durant une représentation. Ainsi les lumières ne sont pas éteintes dans la salle (ça peut surprendre).

Son
La musique constituée des voix, de la flûte et des percussions, est un élément important du théâtre Nô. L'angle du plafond est conçu pour renvoyer les sons vers l'assistance. De grandes jarres de terre cuite sont disposées sous la scène et sous la structure en forme de pont. Elles servent à créer un son particulier lorsque l'acteur danse ou marche. La position des jarres et l'angle selon lequel elles sont disposées est un secret gardé jalousement par des générations de constructeurs de théâtres Nô. 
-

Publié dans Théâtre

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article